Ceux De La Montagne-De-Fer by Maurice Limat

Ceux De La Montagne-De-Fer by Maurice Limat

Auteur:Maurice Limat [Limat, Maurice]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2013-02-28T05:00:00+00:00


CHAPITRE X

Klikki-klikki travaillait…

A partir du moment où il avait réussi à tendre un fil initial à travers le ravin, attenant d’un côté au piton où se tenait tapi le chevalier Ké et la paroi de la citadelle, plus araignée que jamais il s’était aussitôt mis à l’ouvrage, sécrétant cette étrange matière animale qui semblait inépuisable et lançant, selon un ordre merveilleusement réglé, des fils latéraux qui commençaient à créer une armature qu’il allait étendre, consolider, perfectionner de façon à jeter un véritable pont entre les deux falaises de l’abîme.

Akmâl suivait son manège avec passion et il devinait que, bien qu’il ne puisse le distinguer, Ké était lui aussi aux aguets de l’autre côté et qu’il surveillait le travail, à la fois patient et rapide, que le cyclope-arachnide était en train d’exécuter comme en se jouant, glissant de façon vertigineuse le long de ces fils qu’il venait d’engendrer, se balançant çà et là, revenant, tombant, retombant, multipliant les lianes, ajustant les joints, bifurquant à toute vitesse selon un rythme connu de lui seul et sans jamais s’arrêter, fabriquant avec un art étourdissant la toile gigantesque qui allait permettre l’évasion d’Akmâl.

Car c’était bien de cela qu’il s’agissait et Akmâl, désormais, n’en pouvait douter. Pas plus qu’Igdaa. La jeune fille, le cœur serré, voyait venir le moment de la séparation et son chagrin était d’autant plus vif qu’elle sentait nettement que son amant était impatient de voir terminée l’incroyable installation au-dessus du gouffre. Pour fuir, fuir ce domaine infernal. Où elle devait rester, elle. Peut-être sans espoir de le retrouver jamais.

Cependant, tandis qu’à une allure qui paraissait croître encore, Klikki-klikki poursuivait son étonnante entreprise, au fond très simple et très naturelle pour une créature de sa nature, Akmâl n’en oubliait pas pour cela qu’il avait repéré une patrouille.

Il devinait que, de son côté, Ké lui aussi devait être sur le qui-vive. La quasi-obscurité et aussi ces nappes brumeuses qui passaient et fréquemment enveloppaient l’être-araignée, estompant la gigantesque toile par la même occasion, favorisaient la situation. Il n’en était pas moins vrai que les Archers-de-Fer, au cours de leurs rondes, utilisaient des projecteurs portatifs extrêmement puissants pour fouiller les coins et recoins de la montagne, tant ceux de la citadelle, en raison des haines qu’ils avaient déchaînées, redoutaient toujours l’incursion de quelques parents ou amis de leurs victimes.

Certes, les malheureux, réduits à leur état de primitifs, n’avaient jamais beaucoup de chance de réussir à investir la forteresse. Mais à plusieurs reprises, il y avait eu de ces tentatives et parfois, un Maître, un Chevalier, un Archer, était tombé dans une embuscade.

Et à un certain moment, alors que la ronde continuait à évoluer sur le sentier épousant la falaise supportant la forteresse, il y eut une déchirure de nuage. L’astre double parut, encore que très enrobé de brume mais jetant une clarté suffisante pour arracher tout à coup d’étranges étincelles au long des filaments qui s’étendaient en un réseau magnifiquement établi au-dessus du ravin.

On entendit des exclamations de surprise et une voix donnant des ordres. Akmâl frémit et il sentit plus que jamais Igdaa qui se blottissait peureusement contre lui.



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